Alex Baladi

Spéléographies accueille l'auteur suisse Alex Baladi, pour une résidence de création de 2 mois en novembre et décembre 2021. Baladi viendra y travailler sur son projet fleuve, Décris-Ravage, une adaptation en bande dessinée de la pièce de théâtre du même nom d'Adeline Rosenstein. Cette dernière peint une fresque de la Palestine et des ses relations avec l'Occident depuis le 18ème siècle - avec l'idée que plus l'on tente de définir un évènement, plus on le défigure, parfois même jusqu'à la destruction. 

 

Les trois premiers tomes de cette série de six sont parus aux éditions Atrabile. Le quatrième fait l'objet de cette résidence à Rennes. 

 


Évènements

Alex Baladi sera en dédicace pour Revanche (2021), éditions The Hoochie Coochie: 

 

à Rennes, à la librairie M'Enfin?! le 12 novembre de 15h30 à 18h ;

à Lorient, à la librairie Fracas le 13 novembre de 16h à 18h. 

 

Le 29 novembre, une rencontre publique à la Bibliothèque universitaire de Rennes 2 présentera son travail, de 16h à 18h, en entrée libre (pass sanitaire requis). 

 

et pour d'autres évènements (à venir) ... 



Saturnine 

Revue de presse

 

> ComixStrip

 

> Saturnine : il n'y a pas que Tarzan dans la vie (ou la jungle) - Actualitté

 

> Radio Bascule - à écouter

 

>Diacritik

Choses lues, choses vues (24): bande dessinée, etc.

Extrait.

" Saturnine d’Alex Baladi vient de paraître chez Atrabile. Je ne me risquerai pas à lui donner un numéro d’opus, tant cet auteur suisse, “né à Vevey, longtemps actif à Genève, vivant et travaillant à Berlin”, est productif. Lui rendant hommage au moment où Baladi, Prix Töpffer 2018,  était l’invité d’honneur du festival de Lausanne (BDFIL) 2019, Jean-Christophe Menu écrit : “Il est donc enfin prophète en son pays : c’est heureux et c’est probablement parce que, préoccupé par tout autre chose que ce genre de récompenses, il n’a jamais dévié de sa trajectoire complexe et sans concessions […] Jamais Baladi n’arrêtera de faire, en plus de ses nombreux livres, des fanzines photocopiés à quelques exemplaires, ce qui rendra sa bibliographie exhaustive quasiment impossible.” C’est si vrai que le n° 5 de la revue Bédéphile, sorti à l’occasion de ce festival, propose un essai de bibliographie qui n’occupe pas moins de six pages, chacune présentant du texte sur cinq colonnes : rien que pour les livres (les 3/5e de la première page), on dépasse les 50 titres. Donc, je ne peux prétendre pas les avoir tous lus, même si j’en conserve précieusement un certain nombre dans ma bibliothèque (que je ressors du coup, appréciant une forme de continuité – de qualité constante – ouverte aux différences). Dans un entretien avec Dominique Radrizzani, qui l’interroge sur l’irruption de la couleur dans son œuvre récente, Alex Baladi répond qu’“en fait [il] a toujours fait de la couleur, mais pas pour les livres, pour des illustrations originales. À cause des coûts et des reproductions qui peuvent être assez mauvaises.” Comme Robinson suisse, son précédent livre chez Atrabile en 2019, Saturnine est en couleurs. On pourrait dire : véritablement en couleurs, aux antipodes d’un mièvre coloriage ou d’un vague “supplément”.

Saturnine joue franchement avec le médium, comme avec le genre (la “bande dessinée d’aventure”). Dans un prologue de quatre pages en noir et blanc (où les familiers retrouvent illico ce qu’ils apprécient chez cet auteur qui ne sera jamais prisonnier d’un quelconque gaufrier), Baladi raconte sa découverte récente du livre d’Albert Robida, Les voyages très extraordinaires de Saturnin Farandoul (1879-80) dont le héros – qui traverse sur 808 pages (avec 453 illustrations de l’auteur) les 5 ou 6 parties du monde et tous les pays connus ou même inconnus de M. Jules Verne – est le fils adoptif d’un singe. “Les dessins de singes de [Robida] me rappellent ceux de mon Robinson suisse, et le récit se déroule aussi sur une île imaginaire quelque part dans l’Océan Pacifique. Et si c’était la même île ?” Baladi décide d’adapter cette histoire (qui anticipe le Tarzan de Edgar Rice Burroughs) à sa manière, donc de la transposer. Il avait déjà proposé en 2006-07 une version assez étonnante du Garage hermétique de Mœbius, Le Garage mimétique, où le Major Grubert était devenu(e) la Major Grubert (de sexe féminin). Il fait de même avec le Saturnin de Robida qui devient Saturnine. Et ça nous donne, entre autres choses, le plaisir de retrouver cette île aux singes où un bébé naufragé sans identité est recueilli et éduqué par ces animaux très colorés au pelage rouge, à la peau bleue, avec quelques touches de jaune pour les dents et le “blanc” des yeux. Glissant d’un état (du monde) à un autre – d’une réalité fantasmée à l’autre, où une constante agitation atteste qu’on y vit et qu’on y meurt –, l’enfant sauvage trouve sa voie (sa voix, qui murmure, chante, par mimétisme : Darladidadada…) par le truchement d’une narration à la fois très classique (charriant notamment des souvenirs de lectures d’enfance) et irracontable (ce serait l’affaiblir que de la réduire à un résumé d’intentions) : jeux de l’identité retrouvée et du paradis perdu. Cette parodie furieuse d’une parodie amusante (Farandoul de Robida et ses voyages très extraordinaires dans des pays inconnus de Jules Verne) prend les chemins non balisés d’une aventure de l’écriture en bande dessinée : ouvertement poétique, nous dit-on. Et joyeusement subversive."

 

Christian Rosset, 28 septembre 2022 pour Diacritik.


Les Inrockuptibles, sélection des 20 bandes dessinées de la rentrée 2022.

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